La Verité en Peinture

Chimère, Potence. Glas


  Je donne la traduction de Ich.

  Glas (on exigera que je me cite moi-même, patiemment, je parle ici de Ich et l'expose comme un autre, et tout un chacun) trauqe en tous sens l'operation du désir baptismal qui entre et sort mais ne retient jamais, comme Ich, ni dans l'eau ni hors de l'eau.

  Deux pages (double colonne, double bande) sont ici reliées, par une agrafe nommée spirale, comme dans un cahier. Codiciarium? Quaternarium? quatre côtés en tout cas, un support lui aussi coupé en quatre selon un décalage interne de la reliure et une limite oblique comme la surface des eaux.
  Pêchée dans Glas, tirée au-dessus de la mer, hors de son élément, une phrase semble durer, à la fois se continuer et se couper: d'abord en elle-même, de gauche à droite, interrompant son propre mouvement puis se reconstituant, d'un saut par-dessus la reliure, par-dessus la marge domestique ou l'articulation. Prenant appel sur son gl à peine articulable. Tout se marque ici à peine. L'enoncé ne se coupe pas seulement au-dedans, aussi sur ses deux bords externes, au massicot. "Ce qui à la fois me coupe et me souffle tout le reste" s'ecrit et se lit ainsi, se performe en coupant et en soufflant tout le reste, en train de faire ce qu'il dit faire, de dessiner ce qu'il est en train d'écrire. Les bordures encadrantes sont sautées, les marges saturées, mais en abyme. Ich replongé ("la replongée consonne") au moment même de la pêche et du baptême, dans un élément sans fond. le phallus christique sort-il de la mer? Pas de rive, plus de bord, certes, mais le bord est nommé: "l'angle est toujours pour moi un bord de tombe".

  Ma signature - qui en attestera l'authenticité dans cette reproduction de reproduction? et si Adami l'avait imitée, comme mon écriture? et si j'avais, sur la gauche, contrefait la sienne? - ma signature est aussi coupé, avant le da. Ce qui se détache - tombe par-dessus bord - est aussi un morceau du nom de l'autre (da) et l'un des motifs les plus obsédants de Glas.
  Le da n'est pas là, hic et nunc, mais il ne manque pas. Comme la couleur? il faudra voir plus tard: ce qui se fait fort de la chute monumentale - tombe par-dessus bord.
  Ich: ce cahier de dessin tourne en dérision, d'avance et pour toujours, les dissertations dont on voudrait le couvrir avec application, dans le genre "peinture et/ou écriture", "la rhétorique du trait", "histoire et fonctionnement de la légende dans la sémiotique d'Adami", "la réinscription du titre", "la subversion politico-synecdochique d la B.D.", etc.
  Je marque seulement l'événement de Ich. Si la structure en est singulière, ne relevant plus toutefois de ce que la conscience ou la perception appréhendent au titre de la singularité, chaque dessin d'Adami s'affecte d'un événement. "Global" dirait Genet. J'ajouterai téléscopé, la dramaturgie tenant à l'intrusion violente de l'appareil optique qui de loin rassemble et bouleverse, fait rentrer l'un dans l'autre, aussi bien qu'à l'événement dont il précipite le récit.
  La phrase qui traverse les hauteurs de Ich se laisse, jusqu'à un certain point, déchiffrer, je veux dire dans le système d'une langue. Je vous abandonne cette lecture: la polysémie voire la dissémination l'entraînent loin de toute rive qui interdisent à ce que vous appelez un événement de s'arriver jamais. Laissez flotter le filet, le jeu infiniment retors des noeuds et des mailles qui prend cette phrase dans son dessin.
  Je tire seulement un fil pour tenter, mais encore en vain, de capter ce qui advient. Je remarque d'abord que chaque lettre, chaque mot se donne à voir, apparaît donc, trait ou forme, hors langue. Mais sans se limiter a reproduire, par ressemblance ou analogie, cela même qui se dit ou se montre. Chaque lettre a sans doute la forme arquée, tendue, la rigidité convulsive et légèrement incurvée, la souple flexion d'un phallus érigé ou du poisson entre vie et mort, encore pendu au crochet (une sorte de mors aussi), arraché à son élément mais bondissant encore, désir dansant pour la première et dernière fois d'un sursaut: plus d'air. Et chaque lettre sans doute, gl surtout, remarque ce qui s montre comme ce qui se dir: surface glissante, caratère anguleux, mot angle, bord de tombe, signature crochue. Chaque lettre, mors ou morceau de mot, s'écrit avec deux mains, sur chaque page, deux fois deux mains: écriture formelle, écriture discursive, picto-idéo-phonogramme pour un seul concerto, dominé par un seul instrument.
  Mais gl? son gl? le son gl, le gl d'angle, son gl? Cette écriture à peine prononçable n'est pas un morphème, pas un mot si l'on se retient de franchir, rien n'y autorise, le pas de sens. gl n'appartient pas au discours, ni davantage à l'espace et rien n'assure le passé ou l'avenir d'une telle appartenance. Le suspendu n'est pourtant plus un phonème insignifiant, le bruit ou le cri qu'on oppose naivement, comme la nature ou l'animal, à la parole. Résistant au discours du pêcheur, il y figuerait la peinture s'il ne lui restait aussi irrepresentable: non pas l'eclat de voix dans la peinture, mais l'éclatement de la parole dans le dessin, ou la tache de couleur dans la graphie ou le trait dans la couleur. Rebelle au commerce apaisé, à l'échange réglé des deux éléments (lexical et pictural), près de trouer l'arthron de l'écriture discursive et de la peinture représentative, n'est-ce pas un événement sauvage, presque inénnarrabile?
  Adami l'enfonce près de la queue du poisson, non loin de la reliure articulée, dans l'angle inférieur du quart de page, au lieu d'affaisement de la limite, sur et sous la mer. Mouvement de survie, arrêt de mort, transe finale, sursaut cambré tenu au mors. Pris dans les mailles ou dans le écailles anglées de l'ichthus, comme la signature d'Adami, son sigle plutôt, car si les lettres composent un banc de poissons, une bande d'érections errantes à l'agonie, en revanche le poisson dominant, celui qui mord le mieux et dit je (je suis mort) ou hoc est corpus meum, sort de la mer un corps d'écriture écaillée, une surface littérale, homogène aux initiales du signataire.
  gl ne se réduisant ni à une formule spatiale (la poussée de lecture glottique, vers une bulle presque impossible, l'arrache d'un coup (ictus) à la surface) ni à un logo-gramme (ce n'est même pas l'ancien fragment d'un mot ou l'ex-trait d'un discours), Ich crève d'un coup, comme le poisson, et le langage et le tableau.
  Je dirais d'un coup de musique si ce mot ne risquait de se laisser encore arraisonner dans un système analogue. D'une danse alors, danse de mort dans la queue du poisson, d'un rhythme imprimé à la queue. Et par la queue lamée. Rhythmos, on le sait, en est venu à signifier à la fois la cadence d'une écriture et l'ondulation des flots. Ici imprimé à la mer matricielle - l'homme-poisson sublimant à mort pour plus d'air - aux ondes, à la surface ondée d'une musique battue par la queue furieuse de Ich.

  Sol ou abîme du tableau: touchant au fond de la mer, algue très vive et droite, autochtone, ou galère naufragée, épave immobile et monumentale, un vers déjà "cité" dans Glas, ici de très haut repêche, entre des guillements, des angles, des noires aussi sans portée. Au commencement c'etait le premier vers d'un mauvais poème qu'à dix-spet ans j'ai publié dans une petite revue méditerranéenne qui a sombré depuis et dont j'ai abandonné mon seul exemplaire dans un viex coffre à El-Biar.
  Je ne garde, m'en gardant, que la mémoire de cette première ligne, au fond d'une scène où depuis toujours j'ai dû savoir comment me donner la mort.
  Glas y émerge en morceaux à deux reprises, coupé de lui-même, une fois dans glu, à l'intérieur d'un seul mot, une autre fois inapparent ou inaudible, de lui-même détaché par le chasme entre deux mots: il se lit, se voit écrit ou dessiné, tenu au silence (étang lait, étant redevenu lait, étranglé sans r, etc.) Ceci n'est pas dans Glas, qu'on se reporte par exemple à la page deux cent dix-neuf et dans ses parages.
  Le corps du mot "noyée", la "noyée", flotte entre deux eaux, un peu au-dessus du fond, corde détendue loin de son ancrage dans la phrase, lettres agrandies à la dérive, image dilatée, limites évasées à travers des lunettes sous-marines.
  Deux lignes de force travaillent ou dynamisent ce tableau de pêche (comme on dit tableau de chasse), deux pulsions de mort se croisent en x, double diagonale, pour tenir en vie toute la surface investie, les deux fois deux parties. Une mort pousse, attire ou retient vers le bas, du côté de l'angle inférieur droit (nyoade et colonne descendante). L'autre mort, aussi impitoyable, sublime, élève à l'angle opposé (asphyxie du phallus extrait de la mer et colonne ascendante). On sauve d'une noyade en attirant la bête, toute vive, hors de son milieu.

  On peut décrire à l'infini la prise instantanée de Glas par Ich, la prise de Ich sur Glas. Elle serait totale si le tout de la proie, déjà, ne relevait du simulacre. Je préfère marquer pourquoi elle ne peut donner lieu à aucune représentation illustrative. Ni dans un sens ni dans l'autre. Et quelque réévaluation qu'on puisse accorder à une telle illustration, il faudrait plutôt dire lustration. La scène dénommée Ich est introuvable dans Glas et n'en reproduit rien. Bien s&ucric;r elle capture et tire à elle toute une machination pisciculturale, rhythmée par la logique de la double bande (double bind) ou tenue par l'argument dit de la gaine. Ainsi, par exemple quant à donner le nom ou le titre: "Mais don de rien, d'aucune chose, tel don s'approprie violemment, il harponne, arraisonne ce qu'il paraît engendrer, il pénètre et paralyse d'un coup le donataire ainsi consacré. Magnifié, celui-ci devient un peu la chose de celui qui le nomme ou le surnomme..." ou encore "le texte dénommé de Genet, nous ne le comprenons pas ici, il se s'épuise pas dans la poche que je coupe, couds et relie. C'est lui qui a troue, la harponne d'abord, la regarde; mais la voit aussi lui échapper, emporter sa flèche vers des parages inconnus", et quant à la nécessité d'élaborer sous la gaine, "tout cela doit rester sous la gaine... il y a plus de jouissance... à faire comme si le poisson restait entier, encore vivant, d'autant plus mobile, glissant, fuyant, qu'il se menacé". Et puis-qu'il y a l'angle et l'onde, l'insistance infatigable et préoccupante des ongles dans tous les dessins d'Adami (sauf, tiens, dans les trois dessins congénères des Glas; ce sont pour une fois des dispositifs sans mains, rien d'humain non plus n'y apparaît comme tel: "pièces à conviction" et "théâtre d'un crime" conclut Benjamin devant les premières rues vides photographiées par Atget), qu'on lise sur telle double page (274) l'association des poissons et des ongles. Puis Gabrielle, mère de Genet, prénom matriciel de tout ce livre, est un "poisson-lune".

  Et pourtant Ich développe, sans négatif, une scène qui ne peut en aucun cas se trouver dans Glas ni le représenter à quelque titre que ce soit. Au moins pour cette raison: Ich performe sa propre opération, la violence crochue, acérée d'une capture qui s'empare d'un inconscient (faites la revue des armes, le moulinet de La meccanica, les rangées d'hameçons sous la main de Freud in viaggio; il y a, oui, le travail et la force, le savoir-faire incomparable, l'agressivité, les ruses ou le désir du pêcheur-analyste, et puis cet X á la place duquel on nomme le coup de chance ou le coup de génie: la ligne flotte un moment, comme l'attention, puis vibre et se tend d'un coup, ça mord. Il faut aussi que la bête s'y rende), fait sa proie persécutée d'un texte, d'une signature, d'un Ich, cette trace pisciphallique, le traque et le traîne hors de lui, puor lui donner à voir, le laisser voir, enfin, mort, ce qu'il ne pouvait se donner lui-même. Adami dessine ici (ce) qu'il dessine, montre (ce) qu'il fait en affectant de montrer quelque chose de l'autre main, il montre ce qui (se) passe, interdit à Glas, hors de portée pour son signataire. Ich signe l'envers absolu d'un texte, son autre scène, mais montre aussi qu'il montre, dessine la galerie, la monstration, l'exhibition ou, si on ne veut plus parler les deux autres langues d'Adami, expose l'exposition. Non pas au-dessus du marché, ce serait le leurre auquel vous vous laisseriez encore prendre, mais à mettre en jeu ou en abyme les simulacres destructeurs de la plus-value. Sans que cette auto-exposition (ni l'Autobiographia) réapproprie quoi que ce soit, se dévoile qu s'égale jamais en quelque vérité surgie de l'eau: la sophistique, disait Platon, comme pêche à la ligne. Dans la rigueur et la sévérité joyeuse du trait, impassibilité médusante de la ligne, la disjonction travaille toute égalité possible, elle disloque, dissocie, déboîte, décale, tronque, interrompt. Mais, sur l'autre scène, de l'autre main, la force rassemblante d'une érotique répare, étaye, ajointe, reconstitue "l'integrité dans la dispersion" (Jacques Dupin). La même pulsion bande et tire des deux côtes. Et branche directement, l'un sur l'autre, deux inconscients.
  L'événement est inénarrable mais le recit s'enchaîne. Exposer l'envers de l'exposition mais sans résumption possible: ce simulacre de Ich se remontre, à tant de puissances supérieures, dans la double bande dessinée, le double dessin (recto/verso) dont vous tenterez de faire le tour, puisque le support, une plaque métallique, sera posé un socle. Mais vous ne pourrez jamais la rassembler pour la mettre, comme le tout d'un spectacle, sous les yeux. Comme toujours chez Adami, l'artefact est aussi un outil, une machine, un automobile: ici même la roue au-dessus de l'Elegy for young lovers (titre-citation de Auden), l'automatique jet d'eau sous la jupe, la locomotive ou le moulinet de La meccanica, voire, les machines sont souvent des armes, la fronde de l'Autobiografia ou le fusil meurtrier de Staline. Ça marche ou ça part presque tout seul.
  Pulsion ou projection pénétrante (fronde, fusil, mais aussi la seringue de Sequenza), attraction, introjection aspirante (les armes de pêche, l'aspirateur de Scena domestica, la seringue encore à la pointe effilée mais d'elle-même disjointe). La seringue est son instrument: dessin à la pointe incisive, pénétrant sous la peau, style aigu prélevant puis, après mélange, injectant les couleurs, irriguant et révélant le corps inconscient, cela se fait en musique: syrinx, la panique.

  Au dos, on décrit le dos d'un tableau, l'envers du cadre, en repassant par les coins, les encoignures, les angles. Ce qu'on croit pouvoir lire, "texte" ou pseudo-légende, n'occupe pas le centre mais se déporte dans l'angle (n bas á droite), mordant sur la bordure, avec une légère dislocation du coin. Sur la bordure, sur les Marges renommées et raturées. Mais annoncées, sur ce cadre abîme, par un x.

  x, la lettre du chiasme, c'est Chi, en sa transcription habituelle. J'appelle ainsi cette autre scène, selon si vous voulez l'inversion anagrammatique de Ich, ou de Isch (l'homme hébraique).

  Prononcez qui ou khi, en expirant, râlant ou raclant un peu, avec un r en plus au travers de la gorge, presque cri. Mais on peut essayer plusieurs langues et tous les sexes (par example she).

  x signe ce tableau.

  Croisement privilégié par tous les textes que j'ai vendus sous mon nom et que, pour les bonnes raisons que j'ai dites, je n'hésite plus à ramener à la surface, en bulles ou bandes légendaires. "Nous sommes dans un chiasme inégal... Selon le x (le chiasme) (qu'on pourra toujours considérer, hâtivement, comme le dessin thématique de la dissemination), la préface, en tant que semen, peut aussi bien rester, produire et se perdre comme différence séminale que se laisser réapproprier dans la sublimité du père." Hors livre. "Tout passe par ce chiasme, toute l'écriture y est prise - le pratique. La forme du chiasme, du x, m'interesse beaucoup, non pas comme le symbole de l'inconnu mais parce qu'il y a là une sorte de fourche (c'est la série carrefour, quadri-furcum, grille, claie, clé, etc.) d'ailleurs inégale, l'une des pointes étendant sa portée plus loin que l'autre: figure du double geste et du croisement dont nous parlions tou à l'heure." Positions.
  x, l'intersection générale de Glas, de ses commencements ou fins en bandes tordues et écartées, décrit aussi l'opération démiurgique dans le Timee: "La systase ainsi obtenue, d'un bout à l'autre il a fendit en deux d'une schize dans le sens de la longueur; ces deux bandes, il les fixa l'une sur l'autre par le milieu en forme de x; puis il les ploya pour former de chacune un cercle et réunit entre elles toutes les extrémités à l'opposé du point de croisement... Le mouvement du cercle extérieur il l'adjugea à la nature du Même, celui de cercle intérieur à la nature de l'Autre."
  Mais comme pour accrocher la chose dans la galerie de l'exposition, la tenant suspendue par le haut, encore l'hameçon crochu de Ich, il répète la première lettre, le crochet X d'une citation.
  Découpée dans Glas, celle-ci décrit d'avance une escalade, le procès d'une surenchère spéculant à l'infini: qui signe? qui lit? qui regarde et dépeint l'autre?
  On peut alors se laisser prendre à considérer que le simulacre de légende intitule, au dos comme cela se fait parfois, le "devant" silencieux de l'accrochage: double échelle, double mesure, la même pourtant, une échelle sur l'autre hissée, comme pour regarder par-dessus le cadre, par-dessus la marche, la dernière, et dominer le surplomb. Chaque échelle est une double colonne qui glisse ou coulisse sur l'autre. Mais comme toujours chez Adami, le désarticulé, le dissocié, le disloqué se retient, arrêté en même temps qu'exposé: le dis-joint (maintenant fait oeuvre).

  Le disjoint maintenant fait oeuvre.
  Par la force du trait, selon une systase de puissantes ligatures qui viennent bander, serrer, maintenir strictement les membra disjecta. La double échelle est fortement garrotée, par cordes et bandes, dans l'échafaudage complexe (piliers, colonnes, cadres, chapitaux). Une échelle est un échafaud, ce fut aussi un synonyme de potence, une des figures organisatrices de Glas ("Ce que je voulais écrire, c'est POTENCE du texte." L'autre mot, le seul à recevoir de grands caractères et dont, pour finir, j'intitule la fable des trois dessins, ce fut chimère: "Le mot cerné, c'est peut-être CHIMÈRE").

  Tous ces motifs, la chimère sortant de l'eau à micorps, l'échelle immobile sur le bord, l'absence de figure humaine, on les trouvait rassemblés dans La piscina (1966).
  La double échelle dressée, rivée, entravée, on sait qu'elle n'arrive jamais. Série de marques ("c'est le même mot que marge et marche", La double séance) qui ne conduisent à rien, de l'autre côté, aux marges sous rature. "L'escalier conduit toujours à la mort: vers le haut et par étapes, escales, avec le soutien d'un autre. Oedipe et le Christ se sont rencontrés dans un escalier." Il y va, faut-il le répéter, de marches [...] comme on sait, au moins depuis Jacob, chaque fois qu'on rêve d'un acte sexuel, cela représente symboliquement une escalade ou une dégringolade. "Escaliers, échelles, la marche sur un escalier ou une échelle, la montée aussi bien que la descente, sont des représentations symboliques de l'acte sexuel (Traumdeutung)". Glas.

Jacques Derrida, La Verité en Peinture, Paris: Flammarion 1978, 180-193



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